2024-11-05
Pourquoi le gaz continue-t-il de dicter les prix de l’énergie, même quand les énergies renouvelables dominent ? Découvrez les dessous du système et ses paradoxes.
Les prix de l’énergie nous réservent souvent des surprises, oscillant d’un extrême à l’autre.
Le système opérant sur les marchés de l’énergie en France est-il optimal ? D’abord, comprenons comment sont fixés les prix de gros. Le principe est celui du "coût marginal" : le prix est déterminé par la dernière unité produite nécessaire pour équilibrer l'offre et la demande. Ce système encourage les producteurs à minimiser leurs coûts de production, mais il a une particularité qui perturbe le marché des EnR. Les EnR, comme l’éolien et le solaire, ont un coût marginal très faible une fois en place. Mais pour compléter l’offre lors des pics de demande, on active souvent des centrales à gaz, très réactives mais coûteuses.
Le prix marginal monte en flèche chaque fois que le gaz entre en jeu, et le prix de l’électricité s’emballe même quand les EnR couvrent une grande partie de la demande.
Pour certains, le "merit order" avantage les sources fossiles au détriment des EnR. En effet, en laissant les centrales à gaz fixer le prix lorsque la demande augmente, le système perpétue une dépendance coûteuse au gaz et à ses fluctuations de prix. En conséquence, même si les EnR pourraient stabiliser les prix, elles sont souvent reléguées à une production de base qui ne les fixe pas. Pour bien illustrer ce paradoxe, rappelons-nous du 26 août 2022 où le prix de l’électricité a atteint environ 1000€/MWh sur le marché spot ! Une situation certes exceptionnelle, mais révélatrice : elle met en lumière les limites d’un modèle qui a besoin de réformes pour valoriser l’apport des EnR.
Les avancées en stockage d’énergie et une meilleure gestion des réseaux pourraient limiter cette volatilité et mieux intégrer les EnR au marché. À mesure que ces technologies se développent, il sera possible de moins dépendre des centrales à gaz pour stabiliser l'offre et de redéfinir le rôle des EnR sur le marché. Cependant, nous restons encore loin de ce marché idéal. En témoignent les fameuses baisses jusqu’aux prix négatifs : qu’est-ce qui les provoque vraiment et quelles en sont les conséquences ?