2024-11-12
Quand produire de l’électricité coûte… de l’argent : les prix négatifs bousculent les règles du jeu énergétique.
Un concept qui peut sembler absurde au premier abord. Pourtant, ce phénomène économique est bien réel et soulève de nombreuses problématiques pour ceux qui s’y intéressent. D’abord, levons le voile sur un des mythes autour des prix négatifs : cela reste encore un phénomène largement mineur. En réalité, les prix négatifs de l'énergie ne durent bien souvent que quelques heures par jour, et non des mois entiers. Bref, pas de quoi s'imaginer voir des factures d'électricité disparaître miraculeusement pendant des semaines !
…Son évolution reste à surveiller : les heures à prix négatifs ne représentaient que 0,1% du total en 2012 contre déjà 5% au premier semestre de 2024. Et c’est là que les EnR entrent en scène.
En effet, la pierre est souvent jetée sur celles-ci, accusées d’être intermittentes et donc imprévisibles en termes de production et de prix. Ces accusations sont à moitié justifiées : les EnR sont, certes, en partie responsable de ces violentes chutes des prix de l’énergie, mais elles ne sont pas seules dans cette histoire.
Pour faire court, lorsque l’offre d’énergie dépasse de beaucoup la demande, les producteurs sont prêts à payer pour écouler leur production. Cela arrive quand ils ne peuvent pas stocker l'énergie ou quand le stockage coûterait trop cher.
Depuis 2009, grâce à un article du Code de l’Energie, elles bénéficient d’une priorité d’injection sur le marché de l’énergie. Prenons un exemple concret. En plein été, le soleil brille fort et longtemps chaque jour et, en même temps, les gens consomment moins. Dans cette situation, l'énergie solaire pourrait, à elle seule, couvrir tous les besoins en énergie et dominerait le marché grâce à sa priorité d'injection.
En revanche, si certaines sources d’énergies sont plutôt maîtrisables, les centrales thermiques (nucléaires, au gaz ou même au charbon) sont très coûteuses à arrêter et redémarrer. Pour elles, il serait donc préférable de continuer à vendre, même si les EnR déjà injectées suffisent amplement. C’est ainsi que l’offre peut largement surpasser la demande pour des questions d’économies, ce qui explique l’apparition de prix négatifs.
Effectivement, les producteurs d’EnR bénéficient d’un autre avantage de taille : même lorsque les prix sont négatifs, ils peuvent, selon la situation du marché, continuer d’être rémunérés.
Pour freiner cette production à tout prix, on pourrait suspendre cette rémunération. Mais attention : cette mesure risquerait de refroidir les investisseurs, mettant ainsi en péril le développement futur des projets EnR.
Bref, vous l’avez compris, le soutien aux EnR est crucial pour la transition énergétique, mais il pose aussi de lourds défis pour le marché de l’énergie. Ce paradoxe entre la protection des EnR et les déséquilibres du marché montre qu'il est essentiel de mieux anticiper et gérer ces variations de prix, comme nous allons le voir plus en détails dans le prochain article.